Pour la
suite de notre série, comment écrire un scénario, je vous ai fait une liste de
5 techniques triées sur le volet qui pourraient vous aider à faire avancer
votre histoire.
.
Numéro 1 : Le
McGuffin
Le McGuffin est un prétexte au
développement de l’histoire. Alfred Hitchcock, l’un des premiers à l’avoir
théorisé, le définit comme suit: “the thing that the characters worry about but the audience doesn’t
care.” Excusez l’accent. Autrement dit: La chose qui est importante
pour les personnages, mais insignifiante pour les spectateurs.
Le McGuffin est souvent un objet matériel,
Hitchcock donnait
l’exemple collier dans les histoires de voleurs, et le document dans les
histoires d’espionnages.
Mais
pas tout le temps, car il peut aussi être, un des personnages, comme dans the hangover,
ou pendant tout le film, les garçons d’honneur cherchent désespérément le marié
qui a disparu durant son enterrement de vie de garçon.
Ou
encore, un objet numérique, comme dans sexe tape, sortie plus récemment,
ou une vidéo illustrant les ébats amoureux d’un jeune couple se retrouve dans le
cloud, le couple passent tout le film à la pourchasser pour éviter que d’autres
personnes ne les voient entrain de ... de revisiter toutes les positions du cama sutra
Numéro 2 : l’implant (foreshadow)
Il s’agit
de montrer au spectateur ce qui va se passer dans le film, avant que ça se
passe, et de façon subtile. On va donner des indices sur le déroulement
futur des évènements, pour éviter que les retournements de situation, ou les intrigues
paraissent venir de nulle part.
Une des
meilleures utilisations des implants est à mon sens dans fight club. Attention, danger, spoier.
Étant donné que
l’intrigue du film est très inhabituelle et complètement imprévisible, il est
nécessaire de rajouter des implants pour préparer le spectateur à accepter la réponse
donnée dans le dernier acte, sinon le choc serait brutal, et l’intrigue paraitrait
moins logique. De plus, lorsque le spectateur apprend que le personnage de Brad
Pitt n’est que le fruit de l’imagination du personnage joué par Édouard Norton,
il est tenté de visionner le film une deuxième fois pour essayer de déceler les incohérences. Je les revu 4 fois de suite, non
seulement c’est cohérent, mais en plus j’ai trouvé le film meilleure que la
première fois. Ça, c’est parce que David Fincher, le réalisateur du film
a rajouté des implants, qu’on ne
remarque pas forcément au premier visionnage, mais qui deviennent plus
facilement décelable aux suivants. Il pousse le délire jusqu’à rajouter des
images subliminales de Brad Pitt avant même son apparition «officielle »,
dans le film. Ça c’est du lourd.
Numéro
3 : Le hareng rouge (twist)
C’est la
même chose que l’implant, mais l’objectif est diamétralement opposé. Il s’agit non plus de donner
des indices sur le déroulement futur des évènements, mais au contraire, de
brouiller volontairement les pistes, pour induire le spectateur en erreur.
Cette technique est très utilisée dans les polards, pour
éviter que le spectateur ne devine l’identité du coupable avant la conclusion
de l’enquête.
Mais le
film qui en use le mieux, d’après moi, c’est Useul Suspect. Attention, danger, spoiler. Durant
tout le film, on nous fait passer le personnage interprété par Kevin Spacey pour
un petit escroc infirme qui n’a pas beaucoup d’envergure dans l’histoire,
pourtant à la fin, on découvre que c’est lui, le cerveau derrière toute
l’histoire, et en plus, il n’est
même pas infirme.
Numéro 4 : Le setup and payoffs
La
traduction litérale serait : mettre en place et payer. Il s’agit de mettre en place des éléments, un peu comme les pièces d’un puzzle, qui n’ont pas l’aire d’être
reliés entre elles apriori, mais qui plus tard vont s’imbriquer pour donner
forme à une scène qui fait sens. J’ai l’impression de faire du jean claude Vandame. Beaucoup de gens confondent le setup and
pay-off avec l’implant, mais c’est pas exactement la même chose. Selon moi, la principale différence
est que l’implant n’est pas nécessaire à l’intrigue, si on l’enlève, l’intrigue
peut avoir lieu quand même. Alors que pour avoir un pay-off, il faut absolument
un set-up.
Si vous
n’avez pas tout compris, c’est pas grave, on va voir ça en exemple. Le réalisateur
qui utilise cette technique, en ce moment, de la façon la plus originale selon
moi est Edgard Writes.
Attention danger spoiler. Dans Shaun of the dead, une comédie loufoque
de zombie apocalypse, on retrouve une multitude de setup and payoff réussi. L’idée
très ingénieuse d’Edgard Writes est de mettre en place des éléments dans l’acte
1, c’est-à-dire, avant l’apparition des Zombies. Et de les reproduire
exactement de la même façon plus tard, une fois l’apocalypse déclenchée.
Regardez cette séquence qui à l’aire totalement anodine. Le personnage se
réveille et va chercher du lait à l’épicerie du coin, jusque-là, on ne comprend
pas l’utilité de nous montrer ça. Et voilà que dans l’Acte 2, on voit
exactement la même séquence, mais cette fois, avec des zombies, et c’est à se
tordre de rire. Ce qui nous fait rire dans cette scène, c’est le lien que ça
crée avec la première, le fait que ça soit du déjà vu, qu’on parcoure le même
trajet, qu’on reconnaisse chacun des zombies, et surtout le fait que le shaun,
joué par Simon Pegg, ne s’aperçoit même pas qu’il s’agit de Zombie, tellement
la situation est routinière pour lui. Si on n’avait pas vu la première
séquence, on n’aurait ressenti rien de tout cela, et ça n’aurait aurais pas été
aussi drôle. Comme j’ai
dit plutôt, sans setup, il n’y a pas de payoff.
Numéro 5 : Le Deus ex machina
C’est une
Locution latine qui signifie : Dieu issu de la machine. Et concrètement, dans
un récit, ça veut dire un problème
résolu par miracle. Selon
moi, c’est quelque chose à éviter, parce que quand c’est mal utilisé, ça donne
l’impression que le scénario n’est pas
assez bien travailler. Mais
parfois, ça a ses avantages. D’abord, ça peut avoir un effet comique intéréssant
dans des comédies ou des films qui ne se prennent pas trop au sérieux. Ensuite, C’est complètement
imprévisible, donc pour tromper le spectateur il n’y a rien de mieux. Finalement, parfois le Deus Ex
Machina peut être le meilleur moyen d’illustrer le caractère hors norme d’un
personnage. Dans Matrix : attention, danger, spoiler. À la fin du film, Néo se fait traquer
et tuer par l’agent Smith, et par miracle il renait et se met à défoncer tout
le monde. Vous allez me dire que ce n’est pas vraiment un Deus Ex Machina,
puisqu’on dit plus tôt dans le film que Néo est peut-être l’élu et que par
conséquent cette conclusion est tout à fait logique. Oui, mais je parle du fait
de ressusciter. À aucun moment dans le film, on nous explique qu’il possible de
mourir et de renaitre. C’est donc bien un Deus Ex Machina, mais pourquoi alors,
ce dénouement miracle nous parait logique, alors que dans bien des cas, on a du
mal avec les fins qui ont l’aire de venir de nulle part. Je pense que ça réside
dans le caractère même du personnage de Néo. Étant l’élu, il est normal qu’il
puisse réaliser des miracles.
Reprocher à Néo de renaitre, reviendrait à reprocher à Jésus de marcher sur
l’eau, ou de …renaitre.
Ah oui, lui aussi, il a fait ça.
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